Rien que pour vos cheveux
Agde (34) Dans la rue de l’Espérance, on aperçoit encore le salon du vieux Fernand, qui officiait en artiste du peigne et du ciseau. « Coiffeur », dit encore l'enseigne, se faisant l’écho d'un temps où on venait se faire tondre en parlant mistral et bourrasques. Sa boutique c'était pas le Louvre, mais chaque coup de ciseau était un coup de pinceau, chaque mèche tombée, une œuvre d'art éphémère. « Les cheveux blancs, c'est les souvenirs qui poussent » qu'il disait de sa voix rocailleuse résonnant sur les murs écaillés. Ses mains, secouées de tremblements, tissaient des coiffures comme on noue des amitiés : serrées, solides et un brin compliquées. Sa vitrine était cachée derrière un rideau plus orange qu’un soleil couchant. « La discrétion, mes enfants, c'est la clef de l'élégance, » qu'il affirmait, le Fernand, alors que c'était surtout pour masquer la poussière qui s'accumulait. Le soir, après avoir rangé ses rasoirs et ses flacons d'ap