Simone Annibal la belle artiste - Cimetière marin de Sète (Hérault)


Lorsque je pars en goguette photographique, je suis toujours en quête d'un détail (une plaque, un nom, une enseigne, un bâtiment, etc.) qui me poussera ensuite à faire des recherches approfondies dès mon retour à la maison. Cette plaque, découverte sur une tombe du cimetière marin de Sète, a attiré mon regard et ma curiosité. Qui était donc cette artiste lyrique, cette belle Simone au chapeau à plumes ? Je n'ai malheureusement pas trouvé grand chose sur cette chanteuse de charme : une pochette de disque et quelques encarts publicitaires du cabaret Eden dans la presse ancienne. Mais son fils Patrick s'exprime parfois dans les quotidiens du Midi et nous en dit un tout petit peu plus sur elle. Réalité ou fantasme ? Certains correspondants de presse semblent dubitatifs. Pour ma part, j'ai constaté que Simone est introuvable sur les moteurs de recherche, introuvable dans la généalogie en ligne, introuvable dans les archives de presse. Étonnant pour quelqu'un qui a foulé la scène du Casino de Paris et qu'on surnommait "la Mae West Française". En 2005, Patrick a sorti un livre sur sa maman : La vie d'exception de Simone Annibal. Le livre est malheureusement introuvable aujourd'hui. Si quelqu'un le voit un jour dans une boîte à livres, pensez à le prendre pour moi afin que je puisse le lire, merci. 😎


Article tiré du magazine gratuit La Lettre de Sète n°21 du mois de février 2016.



La mini biographie suivante a été réalisée d'après les propos tenus par Patrick Annibal dans la presse du Sud. 

Simone Annibal est née à Tours, en 1908. C'était une chanteuse à voix, la reine du music-hall des années noires. Lorsqu'Edith Piaf était jeune, elle allait voir chanter la belle au chapeau à l’Alcazar de Marseille. Simone se produisait avec Tino Rossi, Maurice Chevalier ou encore Fernand Sardou

Elle a commencé sa carrière de meneuse de revue dans les cabarets niçois et cannois avant de s'installer à Paris. C'est au cabaret Eden, 40 rue Pierre Fontaine, à Pigalle, qu'elle se produisait régulièrement. (L'Eden a appartenu à la magnifique Joséphine Baker. Aujourd'hui renommé Le Carrousel, c'est un bar à cocktails. Sur la façade, une plaque :  "Ici, Joséphine Baker (1906-1975), artiste de music-hall, résistante, militante des droits civiques, tint un cabaret de 1926 à 1928, favorisant la diffusion du Jazz et de la culture afro-américaine"). 

A Pigalle, Simone qui était une femme de charme et de caractère fréquentait les gangsters. A l'époque, le parrain Jo Attia et ses acolytes du gang des Tractions Avant (Pierre Loutrel, futur « Pierrot le Fou », Abel Danos, Georges Boucheseiche, Raymond Naudy et Marcel Ruard) aimaient boire le champagne à l'Eden, aux côtés de François Spirito, Paul Carbone, et les frères Guerini… Tout ce beau monde se retrouve dans le carnet d'adresses de la belle Simone, ainsi que l’ancien empereur d’Annam, le Prince Félix Ioussoupov qui fut l'instigateur de l’assassinat de Raspoutine, Mireille Balin ou encore Mistinguett qui s'improvisait nounou du fiston.

Patrick dit avoir été conçu lors d'une brève liaison que Simone aurait eue avec un certain « Jo d'Alger, alias Pépé le Moko ». Jo d'Alger aurait servi de modèle à Julien Duvivier pour le rôle tenu par Jean Gabin dans le film du même nom, sorti en 1937. Un scénario tiré du roman Pépé le Moko de Détective Ashelbé, alias Henri La Barthe, sorti en 1931 aux éditions A.I.D. La question est donc de savoir pourquoi Julien Duvivier ce serait inspiré du caïd Jo d'Alger plutôt que du personnage décrit dans le roman d'Ashelbé. Sauf bien sûr, si le personnage du roman a également été inspiré par le fameux Jo d'Alger. Si quelqu'un sait répondre à cette question, je le prie de bien vouloir laisser un petit mot en commentaire. Quoi qu'il en soit, Jo d'Alger, tout comme Simone, est totalement inconnu des moteurs de recherche et de la presse ancienne. C'est un caïd qui n'aura pas fait beaucoup parler de lui. 

Voilà à peu près tout ce que l'on sait de la belle contralto Simone Annibal.

Aujourd'hui, les sétois connaissent bien son fils (69 ans). Il est 
Prince Patrick Joubert Annibal le jour et Lady Bee la nuit. Prince, car il serait l'unique descendant de la dynastie punique des Barcides, ancien royaume de Carthage. Lady Bee, car il est meneuse de revue et chanteuse de music-hall depuis 49 ans, comme sa maman (avec laquelle la ressemblance est frappante). Elle voulait qu'il soit prothésiste dentaire, mais après cinq ans de séminaire il a décidé de troquer la robe de bure pour la robe de soie. Depuis 49 ans il écume les cabarets, il s'est produit à l’Olympia en 1982 et a enregistré des disques. Grâce à une rencontre à Marseille avec Lucien Alderigi dit Lulu (transformiste également, décédé en 2014), il s'est installé à Sète en 1982 et y réside toujours avec sa femme Johanna. 

Mes recherches peu fructueuses sur Simone Annibal m'ont permis de tomber sur une coupure de presse dans le journal L'Aurore du 27 mars 1950. Il y est question d'Irène May, qui se produisait parfois à l'Eden en compagnie de Simone. L'article est intitulé A coups de limes à ongles... et voici le texte : 
"Les clients du cabaret Le Grand Duc, rue Pigalle, ont eu droit, l'autre nuit, vers minuit, à une attraction supplémentaire... et gratuite. La chanteuse Irène May, de son vrai nom Yprian Varlo, âgée de 32 ans, actuelle propriétaire de l'établissement, et sa rivale amoureuse, Mlle Luce Porteneuve, 40 ans, se sont, en effet, brutalement "expliquées". Mlle Porteneuve reprochait à Irène May de lui avoir volé l'affection de M. Robert Roques, directeur du Grand Duc. Commencée dans le cabaret, la bagarre s'est poursuivie dans la rue et s'est terminée par la défaite de Mlle Porteneuve. Celle-ci, le visage profondément entaillé à coups de lime à ongles, par Irène May, est à Lariboisière dans un état grave".  Photo ci contre : la chanteuse Irène May. 

Ah... la légendaire jalousie féminine... 😉




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