Centrale hydroélectrique ou forces motrices Convert (Neuville-sur-Ain)

 


Il était courant jadis de transmettre le savoir-faire de génération en génération, particulièrement dans la meunerie. Il en fut ainsi pour les Convert. Etienne Convert, marié à Clauda Gallet, devient propriétaire, le 12 octobre 1697, du moulin Chaffoux à Saint-Etienne-du-Bois (01), berceau de la famille. (Arrêté en 1992, le moulin est toujours la propriété des Convert). De leur union descendent plusieurs lignées de meuniers installés en divers lieux du département (Bény, Bourg-en-Bresse, Verjon, Villemotier...), une quarantaine au fil des siècles. D'abord modestes meuniers et propriétaires terriens, les Convert ont développé leur activité de meunerie jusqu'à posséder, à la fin du XIXe siècle, les minoteries les plus importantes du département : Pont-d'Ain, Vonnas, Bellegarde-sur-Valserine, Bourg-en-Bresse. Entre 1946 et 1971, les principaux moulins Convert brûlèrent. La famille Convert cessa ensuite son activité meunière.




La Centrale hydroélectrique Convert ou forces motrices Convert fut construite de 1921 à 1924. Elle est située à l'emplacement des anciens moulins à farine des comtes de Châteauvieux, qui existaient déjà en 1310. Au début du 19ème siècle, le fort développement des moulins de la famille Convert rendit l'énergie des cours d'eau de Bresse insuffisante pour soutenir les besoins en force motrice que demandait la mouture du grain à une échelle industrielle. C'est pourquoi les cinq frères Convert construisirent une usine hydroélectrique et un barrage à Neuville-sur-Ain. Les 2 GWh produits annuellement permettaient de couvrir à la fois les besoins en électricité des trois moulins industriels des Convert, ainsi que ceux des communes avoisinantes du nord des Dombes et du sud de la Bresse, et partiellement de la ville de Bourg-en-Bresse.


La force motrice de l’eau est sa capacité à créer de l’énergie mécanique. Les meuniers furent parmi les premiers à exploiter cette force depuis l'Antiquité. Leur moulin, construit au bord d’un cours d’eau, était doté d’une roue à aubes qui, entraînée par une chute d’eau, actionnait une meule pour réduire le grain en farine. L'âge d'or des moulins hydrauliques est le XIXème siècle, pendant lequel le développement des turbines permet une considérable augmentation des rendements. Afin que l’eau devienne une force motrice suffisante pour faire tourner la turbine d’une centrale hydroélectrique, il faut que le débit de la rivière, c’est-à-dire le volume d’eau qu’elle transporte, soit assez fort et que sa hauteur de chute soit assez élevée. La hauteur de chute est la différence d’altitude entre la prise d’eau et la sortie d’eau. Plus cette hauteur est importante, plus l’eau descend rapidement et exerce de la force sur la turbine. C’est pourquoi certains cours d’eau nécessitent des ouvrages de retenue pour leur donner une hauteur de chute importante.


Le fonctionnement d'une petite centrale hydroélectrique se base sur la force motrice de l'eau s'écoulant dans la rivière. L'écoulement transporte de l'énergie sous forme mécanique. L'objet de la centrale est de convertir cette énergie mécanique en énergie électrique. La puissance produite par l'installation dépend de deux paramètres : la hauteur de chute et le débit prélevé dans le cours d'eau. Le cours d'eau de la rivière est en partie dévié à l'aide d'un barrage ou d'un seuil. Le débit passant au dessus du seuil reste dans le cours d'eau naturel de la rivière, appelé tronçon court-circuité. Cette part du débit totale n'est donc pas turbinée, et doit respecter une valeur légale minimale appelée débit réservé. Une partie du cours d'eau est donc aussi dérivée en amont du seuil dans le canal de dérivation pour être acheminée jusqu'au moulin où l'eau est turbinée. Le débit turbiné se déverse dans le canal de fuite, qui rejoint la rivière en aval du seuil. On peut également trouver sur de tels aménagements des ouvrages permettant la migration des poissons, participant ainsi à la continuité écologique du cours d'eau. 

La turbine, entraînée par le flux d'eau en entrée du moulin, transforme l'énergie hydraulique en énergie mécanique. Cette énergie mécanique transmise par l'arbre de la turbine entraîne l'alternateur qui produit l'électricité. L'électricité ainsi produite sera acheminée jusqu'aux consommateurs à l'aide du réseau d'Electricité De France (EDF).

Le XXème siècle marque le déclin des moulins hydrauliques, avec le développement du réseau électrique. La possibilité de transporter l'énergie à distance plutôt que de l'utiliser sur site diminue la compétitivité et l'activité de ces installations. De nos jours, la surexploitation des énergies fossiles rend nécessaire l'utilisation d'énergies renouvelables. De plus, le changement climatique prêche en faveur de source d'énergies au faible pouvoir de réchauffement. Enfin, la délocalisation de la production d'énergie s'impose aussi peu à peu parmi les enjeux énergétiques. Ces problématiques donnent du crédit à la réhabilitation d'anciens moulins hydrauliques en petites centrales hydroélectriques.

Les forces motrices Convert se visitent aux Journées du Patrimoine. Une visite que je recommande car très instructive et le coin est très chouette. 

Sources : Guide du patrimoine Rhônalpin n°34 (Moulins des pays de l'Ain), L’info Neuvilloise n°9, mai 2011, L'électricité de la centrale à la maison par Hydro Québec, Energies Renouvelables et Environnement.




Le barrage conserve la forme oblique et large des anciens ouvrages dits “en ciseaux” qui étaient ainsi construits pour tenter d’éviter les crues et les inondations des villages voisins. Il mesure ici 300 mètres de longueur.





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