Le dispensaire classé Monument historique de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire)

 

Le dispensaire en 1925.

Le développement des dispensaires à la fin du XIXe siècle procède d’une double préoccupation : la mortalité infantile, qui ne cesse de croître, et les ravages de la tuberculose dans les milieux populaires. Par ailleurs, l’alarmante contagion de la maladie parmi les soldats de la Grande Guerre fait prendre conscience aux pouvoirs publics des dangers qu’elle représente pour la défense nationale, mais aussi pour l’économie du pays. C’est la loi dite « Léon Bourgeois », du 15 avril 1916, qui impose sur l’ensemble du territoire la création de dispensaires d’hygiène publique. Financés par les communes, les industriels ou les sociétés de secours mutuel, ils sont destinés à l’origine aux plus démunis, le plus souvent dans une situation sanitaire critique, avant d’être ouverts à tous dans le cadre d’une politique d’hygiène publique. Étudier et protéger ce type de patrimoine ne va pas sans difficultés aujourd’hui : édifices modestes à l’échelle de l’histoire de l’architecture contemporaine, les dispensaires sont le plus souvent reconvertis et transformés, quand ils ne sont pas détruits. Ce sujet a cependant rencontré un écho particulier en Bourgogne, avec l’inscription au titre des monuments historiques, en 2011, du dispensaire anti-tuberculeux de Montceau-les-Mines.

Ce dispensaire fait partie de tout un dispositif de défense antituberculeux mis sur pied en Saône-et-Loire par l’office départemental d’hygiène sociale. Financé par ce même office, par les subventions des communes avoisinantes et surtout, par celles de la Société anonyme, il est placé sous la direction d’un médecin titulaire qui assure trois consultations par semaine, assisté de trois infirmières bénévoles. Entre 1922 et 1934, le dispensaire accueille plus de 24 000 patients, essentiellement des mineurs. Plus de 1 000 sont placés dans des sanatoriums ou des hôpitaux. Il dispense également des cours pour former des jeunes femmes au diplôme d’infirmière.

Construit par l’architecte Marcel Fournier en 1922, il est élevé sur un seul niveau et percé de nombreuses ouvertures qui se rapprochent de la forme des baies dites « thermales ». Il est construit en moellon enduit avec un décor de brique assez soigné, et est couvert d’une toiture à croupes. Son fronton semi-circulaire portant la mention « Dispensaire d’hygiène sociale » est un élément d’architecture assez savante et recherchée pour un petit dispensaire ouvrier. Mais ce n'est pas ce qui lui a valu son inscription au titre des monuments historiques. Son importance dans l’histoire industrielle et sociale de Montceau-les-Mines, et dans celle, plus générale, de la condition ouvrière, a justifié sa protection. Bravo Montceau !

Source : Texte de Cécile Lestienne, « Lutter contre la tuberculose et la mortalité infantile : l’établissement des dispensaires en France (1880-1950) », In Situ, 2017.





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