[PHOTOS] - Vie et mort d'une auberge du XXe siècle en Saône-et-Loire

 


Le Relais de Grosne est situé sur l'ancienne Nationale 6, rebaptisée D906. Avant l’arrivée de l’autoroute, l’axe était l'un des plus fréquentés de France, surtout par les Parisiens en partance pour le Midi, grâce aux congés payés de 1936. En 1956, avec la 4e semaine de congés payés, les Nationales entrent dans l'ère du tourisme de masse. Lors de l’été 1957, la 
Nationale 6 a vu passer près de 16 000 véhicules par jour, occasionnant de nombreux accidents et des pannes en tous genres : les voitures chauffaient, les joints de culasse pétaient, et les vacanciers n'avaient pas d'autre choix que la pause forcée. Galère pour eux, mais pannes bienvenues pour les commerçants du coin ! 

Devant le Relais de Grosne, les voitures avançaient telles des tortues, pare-chocs contre pare-chocs. Les serveurs de Grosne en profitaient pour inciter les voyageurs à s'arrêter pour faire tripaille et se reposer. Les bouchons des vacances ont fait les beaux jours du restaurant ! À l'époque, l'insouciance était de mise. Les contrôles d’alcoolémie n’existant pas, les convives n'hésitaient pas à prendre un apéro, puis du vin et terminaient par un digestif pour bien arroser le tout ! 

Dans les années 50 et 60, parmi les anonymes, le Relais a vu défiler quelques vedettes comme le comédien Gérard Philippe avec sa Chevrolet Impala, qui restait un ou deux jours incognito pour jouer à la pétanque, puis France Gall, Dick Rivers, Antoine... Le garagiste a dépanné la Rolls Silver Shadow Coupé de Fernand Raynaud (dans laquelle il perdra la vie en septembre 1973 lors d'un accident), mais aussi Hervé Vilard qui, paraît-il, a refusé de sortir de sa voiture. 😏



En Grosne était à l'origine une auberge qui a ouvert ses portes autour de 1893. Dès le début du XXe siècle, elle fait également office de garage automobile. Plus tard elle est rebaptisée le Relais de Grosne qui deviendra en 1953 « Chez Norbert et Jacqueline »



En 1970, l'arrivée de l'autoroute commence à faire péricliter le commerce. 

En 1985 c'est la liquidation judiciaire. 

En 2013, le Relais est à l'abandon depuis sa fermeture. Vandalisé, puis squatté, il est même devenu un abri pour vaches. Vendu aux enchères, l'acquéreur estime qu'il ne faut pas laisser dépérir ce lieu "historique", mais il laisse toutefois le bâtiment en l'état. 

En 2016 il annonce, via un article dans le JSL, qu'il est décidé à faire revivre l'établissement. Ce sera un restaurant avec chambres touristiques. Le restaurant sera basé sur une formule Espagnole : buffet à volonté en entrée et plat chaud servi à table, le tout pour environ 15 euros. Il vire les squatters et les animaux, nettoie l'intérieur du bâtiment, cadenasse le tout, puis à nouveau plus rien. 

Un soir de septembre 2018 c'est le drame : le toit du Relais de Grosne s'effondre. Le propriétaire parle d'un acte de vandalisme (faut y aller fort tout de même pour faire tomber un toit), mais les experts réfutent et affirment que l'effondrement est dû à l'usure : une poutre aurait cédé et aurait emporté la toiture avec elle. Version retenue par les gendarmes.

En 2021 le propriétaire annonce sur sa page Facebook qu'il reprend les travaux de rénovation du Relais après avoir changé d'architecte. 

En mars 2022, le Relais de Grosne est toujours dans le même état de désolation.

Sources : Le Journal de Saône-et-Loire.

Vidéo : Une semaine sur la Nationale 7 en 1968.












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