Petite histoire des distributeurs automatiques
Le premier distributeur automatique aurait été inventé par Héron d'Alexandrie, un ingénieur et mathématicien grec de l'Égypte romaine du 1er siècle après J.-C. Ce distributeur permettait de vendre de l’eau bénite dans les temples en insérant une pièce. Il fallait apporter son propre récipient et l’argent ainsi récolté servait à l’entretien du temple et aux besoins des prêtres. Lorsque la pièce était déposée, elle tombait sur un plateau relié à un levier. Le levier ouvrait une valve qui laissait s'écouler un peu d'eau. Le contenant continuait à s'incliner sous le poids de la pièce jusqu'à ce qu'elle tombe, auquel cas un contrepoids relevait le levier et fermait la valve. Les premiers distributeurs automatiques de l'époque moderne utiliseront une technique similaire, jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par des dispositifs de commandes électriques.
Les égyptiens auraient ensuite inventé un distributeur automatique pour vendre des balles de coton imbibées de vin… Mais c'est à partir du XVIIème siècle, avec la généralisation de l’usage du tabac, que les anglais commencent à fabriquer des machines automatisées, distribuant des doses de tabac à fumer ou à priser en échange d'un demi penny à insérer. Ces distributeurs, essentiellement installés dans les auberges et les tavernes, ont la particularité de s'ouvrir entièrement, laissant toute la marchandise à disposition. Le client doit prendre uniquement ce qu'il a payé puis doit refermer la machine pour le client suivant. Ces machines sont appelées « boîtes d'honneur », mais des employés sont toutefois chargés de les surveiller. 😜
Le premier distributeur automatique « viable » est inventé par l'anglais Percival Everitt en 1883. C'est un distributeur de cartes postales qu'il installe à Londres. Malgré sa taille et son poids incommodes (il est en fonte et aussi grand qu'un adulte), il devient très populaire et plus d'une centaine de boîtes sont installées dans la capitale du Royaume-Uni. La caractéristique de ces distributeurs est que lorsque la machine est en rupture de stock, elle ferme automatiquement la fente à pièces afin qu'aucun client ne puisse perdre son argent.
En 1887, toujours en Angleterre, la « Sweet Meat Automatic Delivery by » est la première société gérant des distributeurs automatiques de confiseries. Elle est immédiatement suivie par d’autres distributeurs de chocolats et confiseries qui se développent dans toute l’Europe, notamment en France, à l'intérieur des gares les plus fréquentées.
En 1888, Thomas Adams, le fondateur américain de l'industrie du chewing-gum s'intéresse aux distributeurs d’Everitt. Il lui achète les droits d'utiliser ses machines aux US et les adapte pour vendre son chewing-gum Tutti Frutti. Il installe les distributeurs dans le métro New Yorkais et connait un succès fulgurant car la vente automatique et la commodité du libre-service sont alors inconnues du public américain. Il a toutefois à subir quelques déboires car les machines sont souvent en panne, vides et faciles à truander : en utilisant une pièce avec un trou au milieu et en y attachant une corde, une personne pouvait insérer la pièce dans la fente, activer le système de levier, récupérer la marchandise, retirer sa pièce, et... recommencer !
Le succès des machines d'Adams est tel que d'autres sociétés et inventeurs décident d'entrer dans la ronde. En 1890, l'engouement pour les distributeurs automatiques conduit à l'installation d'une pléthore de machines dans les grandes villes. Les coins de rues et les stations de métro sont jonchés de distributeurs divers et variés. Certains sont même agrémentés de sons pour susciter encore plus l'intérêt des passants. Une machine peut remercier les clients pour leurs achats ou réciter un slogan pour le produit vendu.
En 1891, un distributeur de timbres est inventé par l'Automatic Machine Company de Buffalo à New York. L'allemand Carl Ade invente le premier distributeur automatique de mouchoirs, cigarettes et confiseries, et au même moment on voit apparaître un peut partout des balances pour surveiller son poids. Elles entrent dans la série des distributeurs automatiques puisqu'il fallait insérer une pièce pour pouvoir se peser. L’Exposition Universelle de 1891 à Paris, voit apparaître des distributeurs de vins, de bière, ou de boissons chaudes et fraîches.
En 1892, des distributeurs automatiques de tickets viennent renforcer les guichets de la gare de Manchester. Des distributeurs d’Eau de Cologne deviennent des supports publicitaires devant les magasins français. Au Québec, des distributeurs de journaux donnent un nouveau souffle à la presse, de plus en plus lue.
En 1896, Charles W. Goldsmith brevète un distributeur automatique « d'emballages allongés. » Tout comme celle de Percival Everitt, sa machine possède un mécanisme de verrouillage automatique qui empêche d'accepter de l'argent lorsque celle-ci est vide.
En 1902, la tendance allemande pour les distributeurs automatiques de repas (qu'ils appellent les restaurants automatisés) atteint les États-Unis. La Horn and Hardart Baking Company ouvre le premier automate délivrant des repas à Philadelphie, en Pennsylvanie. Ces distributeurs sont les ancêtres de la cafétéria.
À partir de 1924, les sociétés de distributeurs automatiques décident de créer des machines plus fiables. Les machines mal fabriquées sont facilement truandées, faisant perdre au propriétaire ses produits et ses gains. De plus, les machines ne possédant pas de système de verrouillage lorsque le stock est vide font perdre au client son argent, le dissuadant ainsi de se rendre vers une autre machine. Plusieurs lettres de plaintes paraissent dans le New York Times, relatant « l'argent gaspillé dans des machines hors service, et des sous qui s'additionnent. » La nouvelle technologie utilisée à la fabrication des machines (qui augmentent également en capacité), permet de retrouver la confiance des clients. C'est tout bénef' pour les sociétés, puisque les années 30 voient à nouveau l'explosion des distributeurs automatiques, aussi bien aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde.
L'année 1937 voit arriver aux Etats-Unis les premiers distributeurs automatiques de Coca-Cola. Engouement total puisqu'en 1950 plus de 400 000 distributeurs sont en circulation.
Les systèmes de réfrigération ou de chauffage des machines ne sont apparus qu'à la fin des années 1950, permettant ainsi de vendre beaucoup plus de produits. Avant le refroidissement électrique, la méthode consistait à insérer des blocs de glace dans les machines. La glace fondant relativement vite, les clients se retrouvaient avec des boissons chaudes ou du lait tourné.
Comme les distributeurs automatiques proposent des produits bon marché et qu'ils sont pratiques, la consommation augmente. Une étude de 1950 révèle que 15% des ventes de cigarettes sont effectuées via des distributeurs automatiques.
En 1950, Joseph Jeger, un suisse travaillant à Bâle, part pour un voyage d’affaires aux États-Unis et découvre les distributeurs automatiques. Il souhaite en installer dans l'usine de l'entreprise pour laquelle il travaille. Dépensant toutes ses économies, il commande cinq machines au producteur américain et les installe à l'usine. Les ouvriers d'abord surpris, en viennent à les utiliser chaque jour. Mais ces machines sont fabriquées avec des pièces américaines, ce qui les rend coûteuses à entretenir. Pour résoudre ce problème, Joseph loue un garage dans sa ville natale de Morat, embauche son premier employé et fabrique le premier distributeur automatique fabriqué en Suisse. Il sera le premier à porter le nom de Selecta, en 1957. Selecta restera le leader de la distribution automatique durant des décennies. La société développe plusieurs options qui enrichissent le simple distributeur et le rendent plus performant, capable, maintenant, de rendre la monnaie ou de pouvoir annuler un achat.
En 1967 John Shepherd-Barron invente le premier distributeur automatique de billets. Installé à l'agence Barclays d'Enfield, en Grande-Bretagne, il distribuait des billets de 10 livres en échange d'un bon en papier inséré par le client, qui tapait ensuite son code à quatre chiffres.
Le distributeur automatique connaît alors un boom sans précédent. Tout se vend : produits d’hygiène, alimentation et diététique, bonnets de bain, chemises, bas, caleçons, lunettes de plongée dans les piscines, films, etc. (voir photos plus bas). Il se décline dans tous les champs de la vie quotidienne et rencontre un succès considérable jusqu’aux années 2000 où il est desservi par l'image de produits de qualité médiocre, produits industriels pensés uniquement dans une logique mercantile. Il connaît alors une perte de bénéfices considérable et tombe quelque peu en désuétude, restant toutefois très utilisé, tout en étant décrié, en entreprise et au cœur des lieux publics, dans le domaine des transports, de l’hôpital ou encore des centres commerciaux.
Mais le distributeur automatique n’a pas dit son dernier mot. Dans la première décennie du XXIème siècle, il se remet entièrement en question et décide de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, à savoir manger sainement, à moindre coût mais en se préoccupant de l’écologie et du développement durable.
Sources : The Vending Machine / Wikipédia.
Florilège de distributeurs automatiques et autres machines à pièces
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