La petite histoire des piscines Tournesol

Pour mémoire, la majorité des photos illustrant cet article montrent la piscine Tournesol d'Ambérieu-en-Bugey puisqu'elle fut la seule à avoir été construite dans l'Ain. 

Construite en 1975 avenue de Mering, la piscine Tournesol d'Ambérieu-en-Bugey a été démolie en 2005. C'est dans cette piscine que tout a commencé pour Laure Manaudou.

Les piscines Tournesol ont suscité de nombreuses comparaisons insolites : ovnis, champignons, fleurs, igloos ou même méduses. Leur forme arrondie, leurs couleurs pop et leurs nombreux hublots en thermoplastique ont indéniablement laissé une empreinte marquante dans les esprits.

Dans les années 60, alors que la guerre froide marquait toujours le contexte international, le Général de Gaulle nourrissait l'ambition de moderniser la France et de la rendre plus sportive. En 1969, un appel à projets est lancé sous l’impulsion de Joseph Comiti, alors secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, dans le but de promouvoir l'apprentissage de la natation. 

Ce programme, appelé « opération 1 000 piscines », a été motivé par les mauvaises performances des nageurs français aux Jeux olympiques d’été de 1968, ainsi que par deux drames survenus à l’été 1969 : la noyade de 19 enfants d’un centre aéré dans la Loire à Juigné-sur-Loire et la noyade de 24 personnes, dont 14 fillettes, dans le lac Léman près de Thonon-les-Bains, suite au naufrage du bateau-promenade La Fraidieu.

Dans le cadre de ce programme, entre 600 et 700 piscines ont été construites, portant des noms tels qu'Iris, Plein-Ciel, Plein-Soleil, Caneton et Tournesol. Le modèle Tournesol, conçu par l'architecte Bernard Schoeller avec l'aide de l'ingénieur Thémis Constantinidis pour la structure et de la société Matra pour les matériaux, était l'un des plus caractéristiques. Sur les 250 prévus, 183 exemplaires de ce modèle ont été construits.

La piscine Tournesol se distingue par sa forme circulaire de 35 mètres de diamètre et de 1 000 mètres carrés de surface. Les panneaux en polyester, appelés tuiles, sont dotés de hublots. Son toit en coupole, de 6 mètres de hauteur, s’ouvre à 120 degrés grâce à des arches métalliques pour permettre une baignade en plein air par beau temps et une protection contre les aléas climatiques lorsque nécessaire. Cette ouverture évoque les pétales d'une fleur se tournant vers le soleil, d'où le nom de Tournesol en référence au comportement héliotrope de cette espèce.

Le prototype initial de la piscine Tournesol a vu le jour à Nangis, en Seine-et-Marne, au début de l’année 1972 (aujourd'hui démoli). Le premier spécimen en état de marche a été érigé à Roissy-en-Brie, dans le même département (rasé également).

Les Tournesol constituaient une innovation majeure dans l’industrialisation de la construction des piscines car leur fabrication, comprenant la charpente, la couverture, les cloisons, les vestiaires, les installations de filtration, de stérilisation, de chauffage, les sanitaires, l’électricité, etc., était effectuée en usine.

Avec le temps, les piscines Tournesol ont connu des destins divers : rénovation, transformation ou disparition. De nouvelles technologies et matériaux sont apparus sur le marché, offrant des options plus durables. Elles témoignent du passage d’une époque où l’État dictait un modèle d’architecture industrialisée, à une époque où les collectivités locales ont gagné une plus grande liberté dans le choix de leurs équipements.

Néanmoins, l’héritage des piscines Tournesol subsiste. Elles ont été importantes pour l’apprentissage de la natation et ont fait découvrir les plaisirs de la baignade à de nombreux Français. Elles ont également été des pionnières dans le domaine des piscines à toit rétractable, offrant aux gens la possibilité de profiter de la baignade sous le soleil ou à l'abri des éléments. Elles évoquent une époque où la construction de piscines était une priorité nationale et où l’innovation architecturale se manifestait à travers des structures polyvalentes et esthétiques.

Le label « Patrimoine du XXe siècle » a été attribué à certaines piscines Tournesol, comme celle de Bonneveine à Marseille en 2000, celle de Carros-le-Neuf dans les Alpes-Maritimes, construite en 1982 et refaite en 2006, ou encore celle de Biscarrosse dans les Landes en 2012.

Quant à la quête des médailles olympiques en natation, elle ne s'est pas réalisée du jour au lendemain puisque ce n'est qu'aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes, que la France a finalement pu s'enorgueillir de remporter des médailles d'or, d'argent et de bronze.

Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article « Vie et mort des piscines Tournesol » par Julien Béneyt. 








La piscine Tournesol Joseph-Di-Stephano à Frontignan (34), construite en 1975 et toujours en activité. Octobre 2022.

Si certain.es d'entre vous ont des souvenirs ou des expériences à partager sur la piscine Tournesol d'Ambérieu-en-Bugey, je vous invite à laisser un petit commentaire, car il y a peu d'informations disponibles à son sujet. Vos témoignages seront grandement appréciés. Merci.


Commentaires

  1. Bonjour,
    Tarbes possède sa piscine Tournesol !
    Paul

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    Réponses
    1. Quelle chance ! A l'occasion, une petite photo serait la bienvenue. :)

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