Un restaurant insolite et éphémère à Ambérieu-en-Bugey en 1970
Dans la clandestinité, à partir de 1941, le Groupe Technique de Cannes, composé d'ingénieurs et de techniciens de la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest (SNCASO), s'est attelé à la conception et au développement d'un bimoteur de transport. Après la Seconde Guerre mondiale, deux prototypes entièrement métalliques, équipés de trains d'atterrissage escamotables et propulsés par deux moteurs Gnome différents, furent prêts à voler. Le premier vol d'un de ces prototypes eut lieu le 26 février 1945. Diverses variantes équipées de moteurs différents furent développées, conduisant à la version définitive du SO.30 P 'Bretagne', qui effectua son premier vol le 11 décembre 1949.
Par la suite, Robert Dumont, propriétaire d'une entreprise spécialisée dans la construction d'équipements de protection contre l'incendie à Ambérieu-en-Bugey (Ain), fit l'acquisition de deux SO-30 P-2 auprès du GLAM. Le premier avion, immatriculé F-BAYV, effectua son premier vol le 6 mars 1952 et fut exploité par Air Maroc et Air Algérie avant de rejoindre le GLAM sous l'immatriculation F-RAFT. Le second avion, immatriculé F-BAYZ, effectua son premier vol le 24 avril 1952 et fut exploité par Air Maroc avant de rejoindre le GLAM sous l'immatriculation F-RAFV.
Robert Dumont décida de transformer ces deux avions en restaurant et les installa au rond-point de l'Aviation, à environ 1 500 mètres au nord-est de la base aérienne d'Ambérieu-en-Bugey, près de Coutelieu. Une structure en dur fut construite au sol pour supporter le poids des avions, et des salles de restauration furent aménagées entre les deux fuselages transformés en salons privatisés. L'un de ces salons prit le nom de « salon présidentiel » car le Général de Gaulle avait voyagé dans l'un des deux appareils. L'inauguration du Grill-Avia eut lieu en 1970.
Malheureusement, le 20 mars 1971, un système défectueux de chauffage du restaurant provoqua un incendie qui détruisit la structure malgré l'intervention rapide du camion du service d'incendie de la base aérienne. Un comble pour un chef d'entreprise spécialisé dans la protection contre l'incendie... Robert Dumont, prévenu de l'incendie, fut bloqué au passage à niveau fermé de la ligne ferroviaire Bourg-Ambérieu et assista impuissant à la destruction de son restaurant depuis sa voiture.
Le destin tragique de Robert Dumont se poursuivit le 2 novembre 1971. Alors qu'il se rendait chercher son nouvel avion, un Super-Constellation qu'il venait d'acheter, il décéda dans un accident de la route. Son fils, Jean Dumont, un coureur cycliste professionnel qui avait remporté l'étape Bagnoles de l'Orme-Dinard lors du Tour de France 1968 sous les couleurs de Peugeot-BP-Michelin, reprit l'entreprise familiale et arrêta le vélo. Article à lire sur Le Progrès.
Source : Cercle aéronautique Louis Mouillard
Commentaires
Enregistrer un commentaire